

Restaurer des vies
Chaque année, 23 millions d’individus dans le monde sont touchés par l’insuffisance cardiaque. Nombreux sont ceux qui succombent en attendant une transplantation. Un Australien souffrant de cette maladie a passé cent jours avec un cœur artificiel. Cette prouesse technologique venue d’Australie pourrait transformer radicalement la vie des patients souffrant de problèmes cardiaques.
Par Barbara Smith, correspondance particulière, Hobart, Tasmanie.
Atteint d’une insuffisance cardiaque sévère, un Australien d’une quarantaine d’années a défié les probabilités en quittant l’hôpital St-Vincent de Sydney avec un cœur artificiel en titane. Ce pionnier a vécu plus de cent jours avant de recevoir une greffe. Cette première mondiale ouvre de nouvelles perspectives pour les patients en attente d’un donneur. Conçu en Australie, cet implant cardiaque du nom de BiVACOR utilise une pompe à sang rotative et la lévitation magnétique pour reproduire le flux sanguin naturel d’un cœur. Il permet aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale de survivre en attendant une greffe. Sa durée de fonctionnement de plus de cent jours dans ce cas, reste inférieure à celle du cœur d’un donneur qui dépasse parfois dix ans. L’ingénieur australien Daniel Timms, qui a inventé le BiVACOR après le décès de son père des suites d’une maladie cardiaque, et a déclaré être heureux de voir des décennies de travail porter ses fruits.
Comment ça marche ?
Le cœur artificiel total BiVACOR comporte une seule pièce mobile, un rotor en lévitation maintenu en place par des aimants. Il est fabriqué en titane et ne comporte aucune valve ni aucun roulement mécanique susceptible de s’user. Il pompe le sang vers le corps et les poumons, remplaçant les deux ventricules d’un cœur défaillant. L’objectif à long terme est d’utiliser ce dispositif pour sauver davantage de patients inscrits sur des listes d’attente interminables d’un donneur compatible. « Au cours de la prochaine décennie, le cœur artificiel deviendra une alternative pour les patients qui ne peuvent attendre une greffe ou lorsqu’il n’y a pas de cœur disponible », a déclaré le professeur Chris Hayward du Victor Chang Cardiac Research Institute, qui a supervisé le rétablissement du patient australien et participé à la préparation du dispositif pour les essais cliniques.
Trois dispositifs
L’implant cardiaque utilisé sur ce patient australien s’inscrit dans un programme médical d’envergure : Artificial Heart Frontiers, dirigé par l’Université Monash. Ce programme vise à développer trois dispositifs majeurs pour traiter les formes les plus courantes d’insuffisance cardiaque. Cette intervention est la première d’une série prévue en Australie, marquant ainsi une avancée notable dans la recherche sur les cœurs artificiels. Pour autant, les experts affirment que le chemin sera long avant que cette technologie ne remplace la transplantation cardiaque.
Essais étendus
Le premier cas remonte à juillet 2014, lorsqu’un patient de 58 ans souffrant d’insuffisance cardiaque terminale a reçu l’implant au Texas Medical Center. Cela lui a permis de rester en vie pendant huit jours avant qu’un donneur ne soit disponible. Quatre autres patients ont suivi dans le cadre de cette étude, qui a examiné la sécurité et les performances du dispositif, pendant qu’ils attendaient une greffe. Les essais seront étendus à quinze patients. L’implantation australienne était la première du programme Artificial Heart Frontiers de l’Université Monash, d’un montant de près de 30 millions de dollars US
L’implant cardiaque BiVacor utilise une pompe à sang rotative et la lévitation magnétique pour reproduire le flux sanguin d’un cœur.